mardi 27 septembre 2011

Sciacca... Flavignana.... Santa Maria Navaresse



Ça y est, le vent s'est calmé, on peut enfin partir pour les îles Eglades. En effet, la fenêtre est un peu juste pour s'arrêter à Mazzara del Valo et comme on ne peut plus mouiller à Trapani, on décide d'aller directement au mouillage de Favignana. La journée se passe bien, on passe surtout le cap Granitola sans difficultés. Un peu de houle et de vent du nord sur la fin mais rien de bien méchant. Nous arrivons dans l'avant à 18h00 juste derrière deux autres bateaux français... nous serons les seuls à passer la nuit devant les thonaires. Pas de vent mais très très rouleur. 

Voici quelques explications concernant cette pêche au thon un peu spéciale qu'on appelle la Mattanza;

La Mattanza est une ancienne forme de pêche au thon.
Malgré qu’elle ait perdu avec le temps nombre de ses caractéristiques, elle a encore le charme d’un antique cérémonial.
Déjà, à la mi-avril, les Tonnaroti (pêcheurs de thon) commencent à jeter en mer une série de filets où resteront prisonniers les bancs de thons qui, entre la seconde moitié du mois de mai et la première de juin, quittent l’océan pour aller se reproduire dans la mer Méditerranéenne.

Les jours de la Mattanza ne peuvent pas être établis avant: ils dépendant avant tout du cheminement des thons et des conditions de la mer étant donné que les barques utilisées, “le muciare”, ne sont pas adaptées pour affronter le gros temps. Si vous voulez assister à la Mattanza, vous pouvez le faire directement depuis les barques des pêcheurs. Préparez-vous à une longue attente en barque.

Le voyage des thons - En suivant le courant superficiel atlantique, les bancs de thon dépassent le détroit de Gibraltar, ce qui les plonge officiellement dans la mer Méditerranée, et remontent vers les côtes septentrionales de la Sicile. A cette période, la mer autour des Egades est idéale pour la procréation: elle a une température de 17-18°, une salinité supérieure à 37 pour mille et seulement 20 mètres de profondeur.

Le Rais - Toute l’opération est guidée par un chef: le Rais. C’est lui qui décide quand commencer et quand conclure la Mattanza, quand ouvrir et fermer les chambres et c’est toujours lui qui donne les ordres aux barque, en les disposant de telle façon à faciliter l’entrée des thons dans la chambre de la mort.

La préparation - Les Tonnatori montent dans leurs barques et lient le les muciare l’une à l’autre, de façon qu’un unique bateau à moteure puissent les emmener au large.

Ils interrompent leur chemin dans les environs du Palo de S. Pietro, quand le rais aussi s’arrête pour réciter la prière de toujours. Imitant le rais, les hommes de la chiourme se découvrent la tête. Puis tous repartent se mettre en place selon le dessin créée en mer par les bouées.

Les chambres - Une série de filets forme une séquence de chambres d’où les thons ne peuvent plus sortir. Elles communiquent entre elles à travers des filets mobiles, dits “portes“. A travers un système d’ouverture et de fermeture des chambres, les thons sont poussés vers la "chambre de la mort", qui est la seule à avoir un filet au fond. Au fur et à mesure que le banc procède, les chambres plus éloignées sont occupées par d’autres thons qui arrivent.

La chambre de la mort - Quand les thons sont dans la chambre de la mort, les barques se mettent de façon à les enfermer dans un carré.
La “sciabica” du Rais se place au centre du carré où des cordages l’assurent sur les côtés nord et sud du carré. De là il conduira le travail des hommes. Seulement quand se fait entendre la voix du “cialomatore” toutes les autres s’y unissent pour entonner les Cialoma, les chants antiques qui donnent le rythme à la mattanza.
Les hommes se disposent en groupes de huit le long du bord, “lo stirato”, et prennent en main des harpons crochus.
Lentement quelques thons meurent, l’eau se teinte de rouge et, quand le Rais décide le moment opportun, son sifflet donne le signale à la mattanza finale.

Le retour - Lentement les noires muciares rompent le carré et se mettent en rang, presque comme une procession, derrière la plus grosse barque qui la première rentre dans le port.

Les chants - Les Cialome sont d’antiques chants populaires d’origine arabe qui scandent le rythme des mouvements des tonnarati.
De nature fortement ambiguë et contradictoire, d’un côté, ils renvoient à des motifs arabisants et, d’un autre côté ils invoquent Dieu, la Madone et les saints chrétiens pour pouvoir jouir d’un pêche abondante.

Dans le passé - La pêche au thon dans cette zone a des origines très lointaines: il suffit de penser que dans la Grotte du Génois (Levanzo - phase finale du Paléolithique) sont représentés deux thons et que parmi les dépôts de matériau, ont été retrouvées des vertèbres entières de thon.

Pendant leur permanence dans la zone, les Phéniciens commencèrent une exploitation systématique des conjonctures climatiques particulières qui poussent ici les bancs de thon, imités ensuite par les Romains qui, les premiers, construirent les dépôts rudimentaires pour la conservation et la production du thon.
Cependant l’héritage plus important fut laissé par les Arabes à qui l’on doit les chants et les termes aujourd’hui utilisés.
Les Normands insérèrent les Thonaires dans le système domaniale, selon une organisation extrêmement centralisée qui fut maintenue pendant des siècles.
Au XVII, la Thonaire subit le sort de nombreux de leurs biens qui furent vendus: A partir de 1637, elle devient propriété des Pallavicini de Gênes, pour passer ensuite entre les mains des Florio et des Parodi.

En 1985 elle devient propriété de l’entreprise Castiglione.

Pendant des siècles, la Mattanza a représenté la principale, sinon l’unique, source de revenu pour toute l’île et aujourd’hui elle rassemble, à chaque fois, des centaines de spectateurs.


Mattanza


Mattanza


Mattanza


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Non seulement nous ne participerons pas à cette belle fête puisqu'elle se passe, vous l'aurez compris en mai, mais, en outre, nous ne pourrons rester plusieurs jours pour visiter l'île car la météo capricieuse nous suit à la trace et si nous ne saisissons pas la possibilité de passer en Sardaigne immédiatement, nous ne savons pas quand nous pourrons le faire. La saison avance, les jours diminuent, les nuits rallongent (eh oui!!! forcément!!! c'est mathématique!!!!!) et surtout on a envie de se poser alors tant pis pour la visite.... il faut s'en garder pour l'an prochain.
A 7 heures du mat, on lève l'ancre. 175 miles nous attendent et nous avons vraiment hâte d'être de l'autre côté.

Beau levé de soleil entre les îles et les petits pêcheurs déjà au travail.

On longe toute l'île pendant une petite heure puis nous logerons Marettimo, plus petite, plus à l'ouest mais beaucoup plus haute.... nous la verrons presque toute la journée à l'horizon.
Pas beaucoup de vent et mer d'huile jusqu'à la nuit.
A 19h30, nous sommes dans la pénombre et c'est là qu'on aperçoit des éclairs sur tout l'horizon bâbord. L'orage nous suivra, à bonne distance, toute la nuit et au petit matin, pensant y avoir échappé nous sommes tout surpris de voir que nous sommes sous un couvercle noir. Une heure plus tard, çà pète et notre grosse angoisse c'est que le vent forcisse et la houle aussi. C'est ce qui se passe mais dans une mesure acceptable; On change de direction plusieurs fois pour tourner autour et vers midi, on voit enfin un bout de ciel bleu à l'avant du bateau... ouf!!! Les vagues à l'arrière nous poussent et l'heure prévue d'arrivée se situe vers 19H30... donc presque nuit... il ne faut pas traîner.
A 17h00 nous nous approchons du cap près d'Arbatax... il est dans le soleil, c'est beau , c'est tout rose.... puis en quelques secondes.... c'est moche... c'est tout noir!!! et rebelotte.. orage... pluie... vent qui tourne..dans le nez... houle... tout s'en mêle.... M....M....et reM.... on arrivera jamais avant la nuit. Mais notre petit Imagine a de la ressource... il fonce.... on tient la moyenne.... on passe les rochers de la baie à 19H15, à 19h35 on passe la digue... une place nous tend les bras...on s'amarre... à 20h00 il fait nuit mais on est là et contents de l'être.

et voilà ce que nous découvrons le matin à notre réveil... joli non!!!



On a pas encore eu le temps d'explorer les environs mais Santa Maria Navaresse est connue pour ses sentiers pédestres... beaucoup de randonneurs réservent les hôtels du village.... et aussi pour un littoral superbe avec plages.. grottes..falaises... on vous en fera profiter au fur et à mesure.
Le village est juste au dessus du port ... 3 supérettes, banque, poste, pharmacie, resto et bars plus qu'il n'en faut. Pour plus de choix, Tortoli est à 10kms... en bus ou en vélo.
Voilà... vous savez tout.... à la prochaine.

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