Visite de Moknine

Nous voici de nouveau embarqués dans une visite organisée par la marina. Cette fois c'est vers Moknine que nous nous dirigeons, environ 30kms de Monastir en descendant vers Madhia.

La ville est renommée pour ces poteries. Les Tunisiens ont toujours utilisé des ouvrages de poterie fabriqués à Moknine à travers toutes les époques: Punique, Phénicienne, Carthaginoise et Romaine…Les Européens ont utilisé la poterie de Moknine depuis deux mille ans: les fouilles archéologiques et les vestiges exposés au musée de Lamta (vu il y a 15 jours)ont confirmé ce fait. Le port de Lamta exportait par la mer, les produits du Sahel comme l'huile et les céréales dans de grandes jarres en poterie, fabriquées à Moknine. Ce métier ancestral a pu persister grâce à l'abondance de l'argile, la matière première principale, à proximité de la ville.
La nouvelle zone industrielle de Moknine fabrique aujourd’hui une poterie poreuse dite chawat tournée et cuite selon les mêmes méthodes que celles des artisans de Jerba : traitement sommaire de l’argile, façonnage sur un tour rudimentaire mais efficace et cuisson dans un four traditionnel, tout aussi efficace. La blancheur de ses articles s’explique par le rajout du sel à l’argile. Moknine fabrique des récipients dont les plus célèbres sont la qolla (jarre pour la conservation des aliments) et la gargoulette (poterie de forme oblongue à large ouverture et à base pointue et trouée que les pêcheurs utilisent comme piéges pour la pêche aux poulpes). La fabrication de ce genre de gargoulette contribue à relancer l'artisanat de la poterie. Elle fabrique égalemnt des tuyaux d’écoulement de l’eau de pluie.

Plusieurs commerçants européens et commanditaires viennent faire fabriquer leur ligne de production spécifique. Moknine est devenue l’un des centres de production des plus importants de la poterie en Tunisie. Dans les années 90, il y avait une quarantaine d'ateliers de poterie; à la fin du XX° siècle ce sont environ soixante dix ateliers et trois usines capables d'affronter la concurrence dans le marché local et international. Et ces trois usines exportent aux pays européens, asiatiques et d'Amérique.

Stockage des poteries pour le séchage avant la cuisson.


Tout est fait de façon traditionnel, pièce par pièce.


Ajout des anses.


Cuisson pendant 18H dans un four traditionnel à trois étages: en bas l'alimentation du feu avec des grignons (ou tourteaux) d'olive réduits en poudre (soit les résidus après le pressage pour l'huile). Ecologique!!!!


Les poteries sont entassées à l'étage supérieure dans le four muré le temps de la cuisson. Environ 300 piéces installées par ordre décroissant de taille.


Sur la terrasse, surveillance du tirage et de la cuisson grâce à un trou dans lequel est placé un pot. Lorsqu'il est cuit, le reste l'est aussi.


Stockage... face à la mer. La couleur blanche est dûe à l'ajout du sel dans l'argile. La durée de cuisson modifie également la couleur: blanc ..bien cuit; rose ... moins cuit; avec de l'eau douce, la poterie est rouge.

Après cette visite très interréssante, nous sommes allés voir le musée (la poterie de Moknine à travers les âges, la bijouterie (artisanat pratiquée par les juifs) et la broderie traditionnelle aux fils d'or pour les habits de mariage

Ensuite, petite ballade sur des stands d'artisanat et sur le marché.

Retour au port à 19H30 très contents de notre petite escapade.